En jetant un coup d'oeil sur le tableau ci-haut, on constate que la radio occupe 16 % du temps d'écoute mais génère 9 % des dépenses publicitaires ; la TV, 31 % du temps mais 39 % des dépenses. En comparaison, Internet occupe 28 % du temps médias mais seulement 13 % des investissements publicitaires.
Signe des temps, les recettes des éditeurs générées par la publicité en ligne au Canada ont plus que quadruplé au cours des cinq dernières années, passant de 364 millions de dollars en 2004, à 1,6 milliard en 2008, surpassant du fait même les recettes de 1,55 milliard générées par la radio.
Le sport évolue, se transforme. Depuis les premières retransmissions télévisées de la Soirée du hockey en 1952 à l’antenne de Radio-Canada, l’ensemble des relations unissant le sport et le monde des médias est en constante mutation.
Pour la plupart des gens, le sport, c’est d’abord l’exploit sportif. Mais derrière cette façade, il y a le véritable nerf de la guerre : le produit que l’on programme et diffuse. Voici les 10 raisons pour lesquelles Pierre Karl Péladeau s’intéresse aux Nordiques :
1. Parce qu’à l’ère de la multiplication des chaînes et des plateformes médias, le contenu dynamique est le nerf de la guerre pour engranger des revenus dans le secteur des télécommunications. Parlez-en à Ted Turner qui, le premier, s’est porté acquéreur des Braves d’Atlanta depuis revendus à Liberty Media.
2. Parce que le futur de la télévision repose sur les services à péage, au détriment du service de base. Sous l’égide de Quebecor, il deviendrait possible, par exemple, de vendre à la pièce les matchs des Nordiques au tarif de 4.99 $ par l’entremise de Videotron. Dans ce contexte, il suffirait d’attirer 200 000 personnes par match pour générer des revenus de 1 million $ quatre-vingt deux fois par année.
3. Parce qu’en pleine crise des médias – multiplication des chaînes et des supports, fermeture de journaux, création de nouvelles plateformes – les équipes de sport sont des sources de contenu permettant de ralentir le déclin des supports traditionnels.
Au Québec comme ailleurs dans le monde, le déclin des médias traditionnels à la fin des années 90 est le produit d’un environnement particulièrement menaçant caractérisé par cinq changements en profondeur : l’apparition de la télévision spécialisée, de nouvelles mesures de l’audience, l’apparition de la télécommande, la naissance du magnétoscope et des messages publicitaires de plus en plus courts.
On le devine bien, ce nouvel ordre va contribuer à changer la façon de concevoir, d’acheter et de mettre en marché le sport.
4. Parce que le sport est idéal pour faire jouer la convergence et jouer à l’infini les mêmes contenus. La convergence des médias que l’on connaît depuis quelques années est un facteur qui permet de comprendre le succès du couple sport/médias. Car évidemment, la convergence permet un relais publicitaire d’une puissance jamais égalée.
Cette convergence a donné naissance à un nouvel ordre médiatique caractérisé, entre autres, par l’abolition des barrières historiques entre les différents médias. En multipliant les médias, on multiplie les forces.
5. Parce que le sport est une extraordinaire plateforme pour le monde de la publicité, de la promotion et de la commandite, trois éléments fondateurs du monde médiatique. Le maillage propriété sportive/propriétés médiatiques prend alors tout son sens.
Je tiens ici à ajouter que l’équipe de vente des Nordiques a déjà fait ses preuves dans ce secteur, récoltant la 6e position dans la LNH en terme de vente de publicité lors de la saison 1995 : publicités sur les bandes, affichages, promotion, commandites, etc.
En plus d’initier la publicité sur les bandes de patinoire et sur la glace, une tactique publicitaire qui nous venait d’Europe, Marcel Aubut est à l’origine de la publicité sur les marches d’escalier. Emplacement jugé audacieux à l’époque, la marche d’escalier publicitaire est devenue depuis un passage obligé dans de nombreux amphithéâtres sportifs.
6. Parce que le réseau RDS, une machine à imprimer de l'argent, occupe le premier rang de l’écoute des chaînes spécialisées francophones, chez les hommes âgés de 18 à 49 ans et que, sans club professionnel, il ne peut y avoir de station spécialisée dans le sport pour Quebecor.
La télévision spécialisée permet un ciblage pointu des clientèles. Les télévisions spécialisées offrent plusieurs environnements très ciblés, des niches stables. Les publics de la télévision spécialisée sont plus restreints mais les canaux thématiques offrent une segmentation serrée. Ils conviennent notamment aux annonceurs qui cherchent à se différencier.
8. Parce qu'à l'instar de n’importe quelle guerre commerciale impliquant des médias, les opérateurs sont en compétition les uns avec les autres pour mettre la main sur les clients et les contenus. Ainsi, BCE a fait récemment l’acquisition du réseau CTV, le plus important diffuseur au Canada, dans une transaction de 1,3 milliard. Elle s’est aussi associée au Canadien de Montréal, coupant ainsi l’herbe sous le pied à Videotron.
9. Parce qu’on sait que les nouvelles technologies vont donner naissance à des stratégies publicitaires innovatrices fondées sur la géolocalisation qui permettront aux commanditaires de minimiser la fragmentation des auditoires et l’abondance des messages publicitaires.
10. Finalement, parce que le mariage unissant le sport aux géants des médias est une formule éprouvée.
Bell Globemedia est propriétaire des Maple Leafs de Toronto à hauteur de 15%. Le club des Rangers de New York est le jouet d’un géant de la câblodistribution (Cablevision) depuis 1997. En 1996, Comcast et Spectacor (mieux connu sous le nom de SMG) achètent l’équipe des Flyers pour la somme de 250 millions $. Ce que compte faire Quebecor avec les Nordiques n’est pas complètement nouveau, qu’on se le dise.